Un retraité de 86 ans contraint de payer la facture d’eau de 100.000 euros des squatteurs qui ont occupé son immeuble

mis à jour le 22 septembre 2022 à 17:03
Un retraité de 86 ans contraint de payer la facture d'eau de 100.000 euros des squatteurs qui ont occupé son immeuble
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Après quatre années de lutte acharnée, Selim est parvenu à faire déloger les squatteurs de son immeuble. Or, le retraité a été informé par Véolia qu’il devait s’acquitter d’une facture d’eau de 100 000 euros.

Un cauchemar sans fin. Les faits remontent à 2016 lorsque Selim (ndlr : les prénoms ont été changés) décide de vendre l’immeuble qu’il a acheté en 1977 après s’être lourdement endetté. Mais alors qu’ils donnent « congé à la dernière locataire, en mai 2018 », le retraité et son fils s’aperçoivent que des squatteurs ont pris possession des lieux, comme le rapportent nos confrères du Parisien.

Malgré de nombreux recours, Selim, 86 ans, devra se battre pendant quatre ans pour obtenir l’expulsion des intrus de son immeuble situé à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. « Le tout alors qu’il devait s’occuper de son épouse, rescapée d’Auschwitz, lourdement handicapée avant sa mort », détaille son fils, Daniel.

Après le squat de son immeuble, un retraité obligé de payer une facture de 100 000 euros

Pis encore, en mars 2022, Axa Assurances annonce au père et au fils son refus de prendre en charge les éventuels dégâts causés par les squatteurs. « Quand un bien est squatté, les mesures de sécurité ne sont pas réunies, donc le contrat est résilié », justifie l’assureur.

« C’est comme si tout le système s’était ligué contre nous », souffle Daniel. Mais le coup de grâce va être porté par Véolia qui, en mai dernier, adresse au retraité une mise en demeure à payer 97 852 €. « Ce n’est pas un choc, c’est un tremblement de terre », reconnaît-il, dépité.

« Les factures gonflent dès que les premiers huissiers sont envoyés »

« J’ai remarqué que les factures gonflent dès que les premiers huissiers sont envoyés, et redescendent à un niveau normal après l’expulsion, détaille Me Xavier Bouillot, l’avocat de Selim. Difficile de ne pas y voir des mesures de rétorsion. Les squatteurs ont vraisemblablement dû laisser les robinets couler vingt-quatre heures sur vingt-quatre ».

En effet, sur la facture, consultée par le quotidien, « les trimestres, d’une moyenne de 290 €, s’emballent à 3 760 € (x 12) en avril 2020, avant d’exploser à 20 473 € en octobre 2020 (x 70), à 27 796 € en janvier 2021 (x 95), et même à p r è s d e 3 0 0 0 0 € en avril 2021 (x 100) ! »

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Véolia refuse d’effacer la dette du propriétaire

Après l’expulsion des squatteurs le 10 août dernier, Selim a retrouvé son immeuble saccagé et infesté de rats. Aujourd’hui, il réclame une indemnisation de 200 000 € au titre du préjudice engendré par l’inaction de l’État. Une goutte d’eau en comparaison des frais qui l’attendent. Car si Selim affirme avoir prévenu Véolia dès juin 2018 que son bien était occupé illégalement, le géant mondial a l’interdiction de couper l’accès à l’eau d’une résidence principale.

« Nous voulions que l’eau soit coupée, pour faire fuir les squatteurs », déplore Daniel. « Lorsqu’un bien est squatté, il y a une forme de vide juridique », regrette de son côté l’avocat de Selim. Contacté par nos confrères, Véolia a annoncé « étudier la possibilité d’un geste commercial ». Le fournisseur refuse en revanche catégoriquement d’effacer la dette de l’octogénaire à qui il envisage de proposer « un étalement ». Et de conclure : « Nous allons aussi étudier la possibilité d’un dégrèvement, si l’on peut prouver qu’il y a une fuite avec écoulement en terre. Cela pourrait représenter 40 % du montant de la facture ».

À propos de l’auteur
Anaïs Moine
Anaïs Moine
Journaliste passionnée depuis 2016, Anaïs décrypte pour vous les dernières informations. Afin de vous permettre de démêler le vrai du faux tout en offrant un angle nouveau à des sujets qui méritent d'être traités, elle n'hésite pas à sortir des sentiers battus depuis son arrivée sur Marie France en 2022.
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